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Entrepreneuriat et impact positif : voyage chez les pionniers d'une économie vertueuse

Biodiversité, diminution des déchets, circuits courts... Dix entreprises ont été distinguées par le réseau Initiative France d'accompagnement à l'entrepreneuriat et la Banque de France. Elles relèvent le défi de trouver des modèles vertueux et économiquement viables.







De à gauche à droite : Guillaume Pepy, président d’Initiative France, et deux des lauréates Maïté Ferdinand, fondatrice de Handivisible et Graziella Laurenty, fondatrice de Magasin général du vélo.
De à gauche à droite : Guillaume Pepy, président d’Initiative France, et deux des lauréates Maïté Ferdinand, fondatrice de Handivisible et Graziella Laurenty, fondatrice de Magasin général du vélo.

Seront-elles les « BlaBlaCar » de demain ? Ces dix entreprises partagent avec le leader du covoiturage sur Internet une même matrice- le réseau d'accompagnement à l'entrepreneuriat Initiative France- et le fait qu'elles « incarnent une vision porteuse de notre économie », selon Denis Beau, premier sous-gouverneur de la Banque de France. Le 9 février, à Paris, il présentait les lauréats du « Prix Impact + ». Ce dernier, organisé par l'établissement bancaire et Initiative France, prévoit une prime de 5 000 euros destinée à aider les entreprises, déjà accompagnées et distinguées par le réseau pour leur impact positif, à renforcer celui-ci. Par exemple, en réalisant un diagnostic environnemental ou social, ou en s'engageant dans un processus de labellisation, comme B-corp.

Économie circulaire, biodiversité, mobilités douces, inclusion, responsabilité sociale de sa propre entreprise...Les dix entreprises lauréates sont spécialisées dans différents domaines et se situent un peu partout en France, à Nantes, dans un QPV, quartier prioritaire de la ville, à Aubervilliers, dans la campagne normande... Ainsi, dans l'Eure, par exemple, Veragrow fabrique des biostimulants à l'aide de lombrics, et à partir, notamment, de fumier équin. « Nous essayons d’œuvrer pour la biodiversité. L'utilisation de déjections de lombrics est connue depuis longtemps ; elle est pratiquée à l'échelle artisanale. Nous apportons une production à plus grande échelle destinée à la grande culture, afin d'obtenir un impact majeur », explique Théo Saint Martin, co-fondateur et directeur général de la société.

Olivia Bertrand, tisserande et co-fondatrice de Laines Paysannes, n'a pas pu venir à Paris pour recevoir le prix. Le même jour se tenait l'AG de la scop qu'elle a fondée il y a cinq ans et dont le siège est situé à Saverdun, un petit village de l'Ariège. Avec ses huit ETP (équivalents temps plein) et ses 700 000 euros de chiffre d'affaires, la scop remplit son objectif : favoriser la filière de la laine locale. Celle-ci est fournie par des éleveurs de la région pour être transformée dans un rayon de 350 km et commercialisée sous forme d'écharpes, tapis, couettes, manteaux...

Entraîner les consommateurs dans un nouveau modèle

Avec Laines Paysannes, d'autres entreprises ayant obtenu le « Prix Impact + » proposent services ou produits qui vont dans le sens d'une consommation plus durable. C'est le cas d' Opopop – dont la scop fondée par Olivia Bertrand est d'ailleurs cliente -. Cette société basée en Auvergne-Rhône-Alpes propose des colis réutilisables et consignés pour le e-commerce. Lequel génère la circulation de 1,5 milliard de colis chaque année, qui, pour la plupart d'entre eux - terminent à la poubelle.... La société propose donc aux commerçants un service de colis par abonnement, 100% réutilisables et consignés. Les consommateurs les déposent dans les boîtes aux lettres de la Poste dans un délai de 15 jours. Autrement, une consigne de 5 euros est prélevée. « Nous avons beaucoup de demandes. Plusieurs acteurs proposent ce type de service, mais nous nous différencions par notre dispositif de consigne qui permet un taux de retour de 97%. Nos colis sont utilisés jusqu'à 100 fois », explique Laurence Grange, chargée de relation avec les marques chez Opopop.

Autre exemple, celui de Planet Repair, basé à Nantes, illustration des possibilités qu'offre l'économie circulaire. Depuis trois ans, Thomas Penin, son fondateur, y propose réparation de matériel électroménager et vente de produits reconditionnés. Sa spécificité : il propose aussi des pièces de rechange d'occasion. Autre exemple encore avec la mobilité douce : à Aubervilliers, le Magasin général du vélo, où l'on peut faire réparer ses vélos et en acheter. Graziella Laurenty l'a fondé en 2021. Parmi ses clients, des habitants du quartier, « étudiants, familles qui transportent les enfants, les courses... nous avons une nouvelle population qui ne faisait pas de vélo au départ », se réjouit la jeune femme.

Améliorer sa propre empreinte

Autre type de démarche récompensée par le « Prix Impact + », celle des entreprises qui réalisent un travail important sur leur propre fonctionnement, pour en optimiser l'impact. C'est le cas de la scierie Bedora & Compagnie, basée dans le département des Landes. Frédéric Léonard, qui a repris cette entreprise historique, y déploie de nombreuses initiatives. A commencer par les panneaux photovoltaïques disposés sur les toits des hangars. « J'ai toujours eu cet élan de faire preuve de bon sens environnemental. ( …) Depuis un an, nous sommes en autoconsommation, nous revendons même de l'électricité », explique Frédéric Léonard. Dans son entreprise, l'eau qui tombe des toits est récupérée pour le traitement du bois. Et en cas d'incendie, il sera toujours possible d'aller puiser dans le bassin de rétention...La scierie pratique la semaine de 4 jours : « on en profite pour faire des économies d'énergie »...

Autre entreprise très sourcilleuse sur son impact : Hector le Collector, qui propose un service de collecte des déchets alimentaires auprès de professionnels, en milieu urbain. Ils sont revalorisés pour en faire du gaz. La société a été fondée en juin 2020. « Nous avons voulu réaliser un bilan carbone de nos activités pour nous orienter dans le choix de motorisation de nos véhicules, ou celui de l'implantation de nos locaux », explique Quentin Saieb, l'un des fondateurs de la société. Ainsi, l'entreprise, implantée en Nouvelle-Aquitaine (Haute Garonne), a fait le choix de véhicules électriques, moins polluants que ceux thermiques. Et elle a opté pour des imprimantes et des smartphones reconditionnés plutôt que neufs. Et pour la suite ? « Notre métier concerne les déchets, il est donc soumis à beaucoup de normes sanitaires, alors nous faisons une importante consommation d'eau. Comment la réduire, ce sera notre prochaine étape », explique Quentin Saieb.

Agir pour l'inclusion

A la suite d'une expérience personnelle, Maïté Ferdinand a fondé Handivisible. L'entreprise propose une application qui permet aux personnes affectées d'un handicap invisible de se faire connaître, sans devoir montrer la carte qui atteste de leur situation, et d'éviter les temps d'attente en caisse.