Le Volnay Premier Cru se sépare des herbicides

Les viticulteurs de l’organisme de défense et de gestion de Volnay, ODG, ont décidé de se priver d’herbicides pour entretenir les 110 hectares de Volnay Premier Cru. Un défi qui répond aux enjeux actuels et montrent les efforts engagés par la profession.

Les rangs de Volnay Premier Cru se cultivent désormais sans herbicides. (©Aletheia Press/Nadège Hubert)
Les rangs de Volnay Premier Cru se cultivent désormais sans herbicides. (©Aletheia Press/Nadège Hubert)

Les 183 membres de l’organisme de défense et de gestion, ODG, de Volnay possèdent tous une parcelle, de taille variable, sur la commune de Volnay. Parmi eux, sur 110 hectares, certains élèvent du Volnay Premier Cru et ont décidé de suspendre l’utilisation des herbicides. « Les trois quarts de l’appellation n’étaient déjà plus désherbés », précise Thomas Bouley, président de l’ODG avant de compléter. Par rapport à d’autres appellations sur des territoires plus pentus, toutes nos parcelles sont accessibles donc mécanisables et nous offrent des alternatives aux herbicides. » Devant les pressions, notamment européennes pour réduire ou cesser l’usage de ces produits, les viticulteurs ont choisi de privilégier le labour au tracteur, avec un chenillard ou encore avec un cheval ou un treuil. « On peut aussi opter pour l’enherbement avec des herbes non concurrentielles avec les vignes mais qui occupent l’espace évitant les mauvaises herbes », ajoute le président de l’ODG. 

Des efforts…

Même si les herbicides s’avèrent plus pratiques, plus faciles et plus économiques, Thomas Bouley et ses confrères de l’ODG entendent montrer l’exemple. « Les vins de Bourgogne ont une notoriété internationale avec une certaine plus-value. Les bouteilles se vendent à un prix qui nous impose un certain prestige et une démarche. On peut se le permettre, contrairement à d’autres appellations, nous n’avons pas d’excuse », ajoute-t-il. Le président de la structure met également l’accent sur les priorités environnementales vis-à-vis des sols et de la vie microbienne autant que sur les enjeux de santé publique : « Nous avons par ailleurs des sols plus drainants avec des passages plus faciles en comparaison au Volnay Village notamment. Toutes les conditions sont réunies. » Pour le viticulteur, chaque méthode présente ses avantages et ses inconvénients mais il reste convaincu qu’il faut repenser les techniques. « Nous devons revenir à la vie du sol avec un couvert végétal comme cela se faisait avant. Le réchauffement climatique oblige à se poser des questions avec un aspect économique, pratique mais aussi qualitatif », assure Thomas Bouley.

… Mais des inquiétudes

Les viticulteurs veulent ainsi apporter leur pierre à l’édifice de la transition mais s’inquiètent d’autres pressions qu’ils subissent et qui posent d’autres problèmes. « La suppression des produits phytosanitaires envisagée ne présente quant à elle aucune alternative et nous serions sans traitement face au mildiou ou à l’oïdium », s’inquiète le président de l’ODG. Alors que des bruits de couloir évoquent une possible suspension des produits phytosanitaires, y compris biocontrôlé, à moins de 150 mètres des habitations, Thomas Bouley alerte : « En Bourgogne, les vignes et les maisons se côtoient. Toutes appellations confondues, rien qu’en enlevant 10 mètres autour de chaque maison, nous perdrions 1 000 hectares. Sans traitement, il n’y a pas de récolte. »

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert