Saône-et-Loire

La filière maintenance d’engins ferroviaires s’organise pour pallier ses difficultés de recrutement

Petites et grandes entreprises du secteur se regroupent au sein d’un club RH, sous l’égide de Mecateamcluster, à Montceau-les-Mines. Leur objectif ? Dépasser les luttes concurrentielles et se fédérer pour redonner de l’attractivité aux métiers de la maintenance ferroviaire.

Les installations de Mecateamcluster à Montceau-les-Mines. (@Jean-Luc Petit)
Les installations de Mecateamcluster à Montceau-les-Mines. (@Jean-Luc Petit)

Le 8 avril, vingt-cinq personnes, essentiellement des responsables des ressources humaines, se réunissent virtuellement. Une réunion Zoom comme il s’en organise des milliers chaque jour, mais à une nette différence près : les participants sont issus d’entreprises concurrentes, peu habituées à collaborer. C’est l’intérêt de leur filière qui réunit virtuellement ces cadres concernés par les problématiques de recrutement des métiers de la maintenance des engins de travaux ferroviaires. Grandes et petites entreprises du secteur participent à cette concertation inédite : les plus importantes comme ETF, TSO, Eiffage Rail, Colas Rail, mais aussi des PME comme Novium (Saint-Vallier), Matisa (Crissier, Suisse), Métalliance (Saint-Vallier), Ateliers de Joigny (Joigny) ou encore Framafer (Béning-lès-Saint-Avold).

Une image détériorée

« En France, les métiers de l’industrie souffrent d’une image détériorée, qui nuit à leur attractivité alors que le secteur recrute, souvent pour des postes bien rémunérés. Cette problématique est encore plus forte dans l’industrie spécialisée, notamment dans la filière de maintenance des engins de travaux ferroviaires », pose Virginie Bonnin, en charge de la commission formation de Mecateamcluster, le cluster spécialisé dans la maintenance des engins de travaux ferroviaires installé à Montceau-les-Mines.

Courant 2020, Mecateamcluster a conduit la plus importante étude en date consacrée à ces métiers de la maintenance. Le diagnostic est limpide : l’importance de ces métiers va croissante, notamment du fait du renforcement de la concurrence dans le secteur, qui s’européanise, et des conséquences réglementaires du quatrième « paquet ferroviaire ». Désormais, pour circuler sur le réseau ferré, les engins de travaux doivent être suivis par une entité chargée de maintenance (ECM) qui s’assure de leur bon entretien, notamment sur le plan sécuritaire.

Mecateamcluster, Montceau-les-Mines. (@Jean-Luc Petit)

15 000 projets de recrutement

Or, alors que la demande croît, les filières de formation demeurent insuffisantes. « On forme, tous secteurs confondus, environ 10 000 personnes à l’année dans la maintenance. En 2019, nous avons comptabilisé plus de 15 000 projets de recrutement », décrit Jean-Jacques Enrich, fondateur gérant de Valouy Conseil, co-auteur de l’étude RH.

Le club RH, qui s’est réuni le 8 avril dernier, naît de ce constat et de la volonté des acteurs de mutualiser leur action, afin d’en maximiser les effets. Les réflexions se conduisent à l’échelle nationale. « Toutes les entreprises de notre domaine d’activité connaissent des difficultés de recrutement. Grâce aux échanges que nous avons pu avoir entre responsables RH, nous allons pouvoir conduire des opérations de promotion de nos métiers sur tout le territoire national », estime Cédrine Khier, GRH de Novium.

Aucune décision concrète n’a été prise à l’issue de cette première réunion, dont l’objet était tout d’abord la prise de contact. Mais, lors de la prochaine tenue du club RH de Mecateamcluster, fin juin prochain, les premières mesures tangibles devraient être entérinées, notamment la création d’un kit de communication autour des métiers de la maintenance, élaboré par toute la filière.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel