L’oiseau Bleu : l’atelier de reliure dorure de Marion Bérille

Installée depuis 2016 à Combertault, Marion Bérille a aménagé la grange de la ferme familiale pour y établir L’Oiseau Bleu. Dans son atelier, elle réalise sur-mesure reliures courantes, reliures d’art et dorures à destination des collectivités et des particuliers et restaure également des ouvrages en cuir ou papier.

Ce métier implique une veille des normes de restauration à respecter lorsqu’elle travaille avec des collectivités. (©L’Oiseau Bleu )
Ce métier implique une veille des normes de restauration à respecter lorsqu’elle travaille avec des collectivités. (©L’Oiseau Bleu )

Avec une mère documentaliste, Marion Bérille a toujours baigné dans l’univers du livre. Elle découvre par hasard le métier de relieur lors d’un salon, et décide de passer son CAP puis son Brevet des Métiers d’Art (MBA) de la reliure et de la dorure à Paris. Elle part ensuite faire des stages et travaille au sein de différents ateliers à travers la France pour perfectionner sa pratique. Alors qu’elle souhaite revenir en Bourgogne, elle croise la route de Jean-Claude Girard, artisan relieur installé à Besançon. « J’ai eu la chance de le rencontrer, on avait le même état d’esprit. Il n’avait pas les moyens de m’embaucher, mais comme il partait en retraite quelques mois plus tard, il m’a vendu le fond de son atelier » se souvient-elle.

L’importance de la transmission

Cette transmission d’atelier permet à Marion Bérille de récupérer également une partie de la clientèle de l’artisan. Ce qui au démarrage de l’entreprise, va lui permettre d’avoir tout de suite du travail, sans avoir à démarcher. « Dans nos métiers, les collectivités sont un peu notre fonds de commerce puisque tous les registres d’état civil, de délibérations et d’arrêtés doivent être reliés. Pour les petites communes, ces reliures courantes sont réalisées tous les dix ans. Pour une ville comme Dijon, c’est une fois par an. », détaille l’artisane. Bien que la part des collectivités tende à baisser, elle représente encore 50 % de la clientèle de l’artisan.

Quant aux particuliers, deux types de publics se dessinent : d'un côté les collectionneurs et de l’autre, des personnes aux moyens plus modestes, soucieux de transmettre un livre de famille aux générations suivantes. « C’est la clientèle que je recherche ; c’est très gratifiant d’arriver à faire ce travail en rendant les gens heureux. On rentre dans l’histoire de la famille, et on participe à cette transmission », se réjouit Marion Bérille.

Le papier, une valeur sûre

Métier de niche, relieur doreur n’en demeure pas moins un métier d’art indispensable, qui participe à la transmission des savoirs entre les hommes depuis le Moyen-Âge. Et l’arrivée du numérique n’a pas supplanté le papier dans ce domaine. « Il reste complémentaire, mais le jour où il n’y a plus d'électricité, vous faites comment ? Les clouds et les géants américains type Google créent une énorme dépendance… Le papier reste une valeur sûre : on n’a pas trouvé mieux pour conserver sur du très long terme », assure la jeune femme. De plus, à une époque où l’on cherche à tout prix à baisser sa consommation et faire des économies, les métiers de la restauration séduisent de plus en en plus de monde.

Marion Bérille a déjà eu l’occasion de restaurer des ouvrages très anciens, comme par exemple la première traduction du Coran en français, fin 16eme siècle. (©L‘Oiseau Bleu )

Pourtant, dans le département, seulement 3 ateliers de dorure-reliure existent : c’est une des raisons pour lesquelles Marion Bérille a rejoint l’association des Métiers d’Art en Côte d’Or. « C’est un travail assez solitaire, alors on est contents de pouvoir échanger avec les collègues, se dépanner au besoin. Faire partie de l’association permet de fédérer les artisans mais aussi de présenter nos métiers pour susciter des vocations », conclut la jeune artisane.

Pour Aletheia Press, Sophie Brignoli