RH/ Recrutements

Cadres : l’envolée des salaires devrait se poursuivre en 2024

Après des mois d’euphorie, aussi bien du côté du nombre d’offres d’emploi que de celui des rémunérations, le marché de l’emploi semble retrouver un niveau similaire à celui de 2018. Le cabinet de recrutement international Robert Half, revient sur les tendances qui ont marqué le marché du recrutement en 2023 et présente les perspectives pour 2024. Focus sur les principaux résultats de sa nouvelle étude de rémunération*.

© Adobe Stock
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La moitié des cadres s’attend à une augmentation pour cette année –une augmentation de 1 à 5% pour 61% d’entre eux et 6 à 10% pour 29%. De leur côté, plus d’une entreprise sur deux (53%) pense accorder une augmentation à ses collaborateurs en 2024, avec seulement 23% qui prévoient des augmentations supérieures à l’inflation, celle-ci ayant été estimée à 4,5% pour 2023 par la Banque de France. A noter, le retour à l’individualisation des augmentations. « Il y a énormément de différences en fonction des métiers, des spécialités et des niches ». Matthieu Imbert-Bouchard, directeur général du cabinet de recrutement Robert Half international France, signale par exemple que l’on « commence à voir un ralentissement des évolutions de salaire sur les métiers de la tech ». Ces derniers devraient ainsi évoluer en moyenne de +7% en 2024, avec une forte demande sur des métiers cibles, tels que architect (cloud, data, cyber), de platform director et de data tech lead.

Des augmentations similaires de 7% en moyenne sont attendues pour les postes en finance, juridique (+5%), avocats (+6%), et, dans une moindre mesure, pour les métiers de l’immobilier –asset management, property management (+2%)- ou de la vente et du marketing –directeur marketing, responsable de communication et responsable d’affaires (+2%), achats et supply chain (+4%) ou ingénierie, fabrication et opérations (+5%).

Le salaire, priorité numéro un des cadres

En termes de marché, après une année 2022 euphorique, le nombre d’offres d’emploi cadre a subi une baisse de 21% en moyenne, en 2023. Néanmoins, les cadres restent optimistes quant au marché de l’emploi dans leur domaine d’activité. A noter que du côté des entreprises, la majorité d’entre elles (78%) se disent toujours préoccupées par la pénurie de compétences et de talents (vs 85% en 2022). Parmi les défis qu’elles rencontrent, des attentes salariales trop élevées (59%), des candidats très sollicités (48%) et un manque de candidatures (45%).

Si les recrutements ont tendance à se complexifier, ils se poursuivent tout de même avec des candidats volatiles, qui postulent au maximum d’offres éligibles. « Marqués par les augmentations exceptionnelles reçues l’année dernière, ils restent en veille permanente pour ne pas risquer de passer à côté d’une belle opportunité », explique le cabinet Robert Walters. A noter que le salaire reste le choix numéro un pour les candidats. Ainsi, 66% des salariés vont faire un choix de carrière en fonction des opportunités de salaire. « Toujours confiants quant aux opportunités d’emploi dans leur secteur (76%), 55% d’entre eux souhaiteraient changer d’emploi dans les douze prochains mois, avant tout pour un meilleur salaire (94%), ou pour un autre management (46%), pour l’évolution de leur carrière (25%), ou plus de flexibilité (23%) », détaille l’étude.

Les moteurs pour changer d’emploi ? Si 90% des cadres déclarent prêter une attention importante aux valeurs de l’entreprise pour laquelle ils postulent, la quête de sens reste largement derrière la rémunération, avec des professionnels qui attendent avant tout que leur organisation s’engage sur leur équilibre vie professionnelle/vie personnelle (84%) et sur les sujets climatiques et la diversité et l’inclusion (28% et 20%). De leur côté, les entreprises attendent des candidats un réel projet professionnel : ambitions, compétences à développer… « Les candidats qui se disperseront dans une démarche opportuniste seront mal perçus par les entreprises, qui ne seront plus prêtes à tout pour recruter. Elles poseront leurs limites », avertit l’étude.

L’IA, un outil pour améliorer la productivité

Quant à l’intelligence artificielle, elle semble être accueillie avec optimisme par les cadres. Huit sur dix déclarent ainsi ne pas être inquiets face à cet outil, et plus de la moitié y voit même l’opportunité d’améliorer leur productivité, leur permettant de mieux se concentrer sur les missions à valeur ajoutée. Outre son intérêt opérationnel, l’IA pourrait devenir un véritable outil de prévision de gestion des collaborateurs. Elle permettrait ainsi aux managers « de porter un autre regard sur le positionnement de chaque collaborateur : sont-ils au meilleur poste au regard de leurs compétences ? Quels sont les leviers qui les réengageraient ? » En ce sens, l’IA deviendrait un outil précieux pour lutter contre la démission, quand on sait qu’un tiers des cadres préfèrent démissionner que de se confronter ou exprimer leur désaccord.

*Données issues d’entretiens réalisés auprès de 50 000 candidats et clients dans le monde, de janvier à novembre 2023. Enquête Robert Half réalisée auprès de plus de 1 400 cadres et entreprises interrogés en ligne en septembre 2023 en France.

Rémunérations : des hausses à plusieurs vitesses

4,7%. C’est la hausse globale des salaires en 2023, toutes professions confondues. « Une tendance qui devrait se poursuivre globalement en 2024 », a signalé Matthieu Imbert-Bouchard, directeur général du cabinet de recrutement Robert Half international France, lors du webinaire LinkedIn sur les « Métiers en croissance : quelles perspectives pour 2024? ».

A noter, que les salaires n’augmentent pas tous à la même vitesse. « Il y a des métiers où le salaire augmente beaucoup plus rapidement que d’autres, comme les directeurs commerciaux, où on s’attend à une hausse de 24%, ou les responsables recrutement, car ce sont des postes à forte valeur ajoutée dans des métiers très pénuriques (avec des augmentations moyennes de 5% jusqu’à 20%), et des directeurs de projet IT, jusqu’à +15% ».

Charlotte DE SAINTIGNON