BCB Tradical s’appuie sur le marché « en béton » du chanvre

Matériau un peu oublié ces dernières décennies, le chanvre fait son grand retour depuis une vingtaine d’années. Et l’entreprise doubiste BCB Tradical, basée à Châtillon-le-Duc, en récolte aujourd’hui les fruits, avec le béton de chanvre, matériau de plus en plus plébiscité dans le bâtiment.

Le béton de chanvre représente aujourd’hui 50 % de l’activité de l’entreprise. Ici le système de palettisation. (© BCB Tradical)
Le béton de chanvre représente aujourd’hui 50 % de l’activité de l’entreprise. Ici le système de palettisation. (© BCB Tradical)

Installée à Châtillon-le-Duc, près de Besançon depuis trente ans, la TPE BCB Tradical, est experte en chaux aérienne. Elle propose des produits notamment adaptés au bâti ancien, permettant d’utiliser du sable local sur les chantiers, et ainsi répondre aux typicités locales. Intégrée au géant belge Lhoist en 2003, l’entreprise s’est intéressée aux écomatériaux via le béton de chanvre depuis plus de vingt ans.

Après plusieurs années de recherche et développement, elle voit aujourd’hui ses marchés se développer considérablement. « Avec le Covid, tout s’est accéléré », note Daniel Daviller, le directeur général délégué de BCB. Les qualités intrinsèques de ce matériau en font en effet un produit de pleine actualité. Au point qu’aujourd’hui, il représente 50 % de l’activité de l’entreprise, qui emploie une petite vingtaine de personnes.

Un marché en expansion

Au départ, dans les années 90, l’idée était surtout de ne pas utiliser d’agrégats minéraux dans le béton. Mais le résultat, en termes de confort, a été surprenant. Les habitats ainsi construits (avec une ossature en bois) affichent un taux d’humidité idéal et une température de surface des murs proche de celle de la température intérieure.

Mieux, le béton de chanvre répond à des problématiques de société. D’abord, il consomme peu de carbone. Même, il en fixe, en emprisonnant durablement les bois du chanvre (résidus restant après l’extraction des fibres). Un argument qui compte à l’heure de la mobilisation face au changement climatique, et à la veille de la mise en application, dans toute l’Europe, de la norme de construction RE2020.

Et le béton de chanvre témoigne aussi d’une forte résistance au feu. « C’est grâce à cela que l’on a intéressé le marché australien », note Daniel Daviller. Confrontée aux méga-feux de bush, les Australiens ont ainsi tenté de protéger leurs nouvelles constructions... et découvert par là même les propriétés de confort du matériau, dans le chaud climat local. « Cet intérêt du marché australien a été pour nous une excellente référence. Et aujourd’hui on démarre en Israël, en Californie et au Texas... »

La France est aujourd’hui le premier producteur de chanvre en Europe et un leader mondial sur ce marché. Et sa maîtrise technique, reconnue, s’exporte. Résultat, si l’activité export ne représente « que » 15 % du chiffre d’affaires de BCB, elle est réalisée à 80 % sur le béton de chanvre.

Daniel Daviller, directeur général délégué de BCB Tradical. (© BCB Tradical)

Consolider une assise forte

Pas de quoi pourtant, tourner la tête de ses dirigeants. « Depuis 2015, nous traversions une période difficile », relate Daniel Daviller, avec l’apparition de concurrents sur ce marché du béton de chanvre. « Aujourd’hui, on entre plutôt dans une phase de stabilisation. On cherche à se renforcer, à construire une assise forte, avant de repartir de l’avant. » Pas d’investissement lourd en vue donc, d’autant que selon le directeur général, l’ « outil de production est opérationnel et suffisant pour le moment ». Un outil qui ne s’est pas arrêté de produire pendant les confinements, à l’inverse de la force commerciale, stoppée durant deux mois et demi.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre