Tendances

2021 portera les stigmates de la covid-19

La pandémie de covid-19 aura profondément perturbé l’économie mondiale en 2020. Les graves difficultés qui en ont résulté seront, dans certains cas, encore plus visibles en 2021, malgré les espoirs suscités par la vaccination…


Les perspectives économiques et sociales sont loin d’être bonnes pour 2021.
Les perspectives économiques et sociales sont loin d’être bonnes pour 2021.

2020 restera dans l’histoire comme l’année de la pandémie de covid-19. Pour y faire face, les gouvernements du monde entier ont multiplié les confinements, couvre-feux et autres restrictions, qui ont conduit à doubler la crise sanitaire d’une crise qualifiée d’économique faute de mieux, dans la mesure où c’est par une décision politique que l’économie a été partiellement mise à l’arrêt. Et le moins que l’on puisse dire est qu’à ce stade, les perspectives économiques et sociales sont loin d’être bonnes pour 2021, car l’incertitude demeure à un niveau très élevé.

L’activité restera en berne

Après l’année 2020, où l’activité a chuté dans toutes les régions du monde, le FMI prévoit en 2021 une expansion de la production mondiale de 5,2 % dans le monde (-4,4 % en 2020), 3,9 % dans les pays avancés (-5,8 % en 2020) et 6,0 % dans les pays émergents et en développement (-3,3 % en 2020). Au sein de la zone euro, la Commission européenne admet que « la deuxième vague de la pandémie anéantit nos espoirs d’un rebond rapide » et prévoit en 2021 une expansion de 4,2 % dans la zone euro (-7,2 % en 2020), 5,8 % en France (-9,4 % en 2020), 3,5 % en Allemagne (-5,6 % en 2020). Mais dans tous les cas, les espoirs d’un retour rapide de l’activité à son niveau d’avant-crise seront déçus, d’autant qu’il faudra certainement compter avec de nouvelles périodes de restriction de l’activité et des déplacements, tant que le virus continuera à circuler, et ce malgré le début de la vaccination.

La réalité de la situation socio-économique

Dans un monde économique dont le modèle repose encore trop sur la croissance, sa quasi-disparition ne peut qu’avoir de lourdes conséquences. Pour l’instant, les mesures prises par l’UE et les États membres — dont le chômage partiel et les aides aux entreprises en difficulté — ont contribué à atténuer l’impact négatif de la pandémie sur l’emploi. Le taux de chômage n’est donc à court terme pas un indicateur très pertinent, dans la mesure où nombre de personnes sans emploi quittent les statistiques officielles, mais viennent grossir le halo autour du chômage, qui est constitué d’inactifs n’étant pas au chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), mais dans une situation proche.

Mais ces aides finiront un jour, ne serait-ce qu’en raison de leur coût pour les finances publiques. Elles conduisent, en effet, à des niveaux de dette publique jamais connus en temps de paix, qui demeurent néanmoins soutenables grâce à la création de monnaie par les Banques centrales. Le pari fait par les gouvernements est qu’un soutien massif à leur économie conduira, en retour, à une croissance forte, à même de combler le déficit public, tout en réduisant le chômage et la pauvreté. Or, il est possible que ce pari ne soit pas gagnant en 2021, auquel cas il faut s’attendre à des mesures d’austérité pour remettre les comptes d’équerre, ce qui précipitera hélas l’économie dans une dépression. Toujours est-il qu’à un moment apparaîtra la réalité de la situation socio-économique, du moins dans les secteurs qui auront survécu.

Et dans ce cas, l’industrie, moins exposée aux problèmes sanitaires (sauf l’aéronautique entre autres), sera probablement moins touchée que les services, où se concentrent les salariés les plus précaires. À la fin de l’année 2021, l’on pourrait dès lors assister à une augmentation importante du nombre de chômeurs et de précaires, certains étant déjà privés des petits boulots qui ont disparu un peu plus à chaque confinement. Par ailleurs, l’intégration des jeunes sur le marché du travail se fera de manière dégradée, tant en volume d’emplois disponibles qu’en conditions de travail.

Inégalités et pauvreté

Dans ce contexte, il faut s’attendre à une augmentation des inégalités de revenus, mais pas seulement ! La sécurité de l’emploi sera un facteur discriminant qui prendra de l’ampleur en 2021. Et en ce qui concerne la santé insolente des marchés boursiers — en totale contradiction avec la réalité économique —, elle devrait tirer encore un temps les patrimoines des ménages les plus riches, du moins jusqu’à ce que les investisseurs prennent la réelle mesure de la situation (taux d’intérêt négatifs, hausse attendue des faillites d’entreprises…). Quant à la pauvreté, loin de se résumer à sa seule dimension monétaire, elle risque d’exploser en 2021, comme le laissent entendre l’ONU et de nombreuses associations caritatives.

Face à une pandémie qui a perturbé profondément les économies, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a conclu que « des idées plus audacieuses étaient désormais nécessaires ». D’où le retour, dans le débat public, de l’idée d’un revenu universel de base ?