2021 : les mécènes vont-ils baisser les bras ?

Crédit Photos : Admical
Sylvaine Parriaux, déléguée générale d’Admical
Crédit Photos : Admical Sylvaine Parriaux, déléguée générale d’Admical

La crise encourage les entreprises mécènes à accroître leurs engagements mais restreint leurs moyens, d’après l’Admical. Tendance de fond, les PME sont de plus en plus nombreuses à s’investir sur leur territoire, notamment en soutien au sport.

 La crise, aiguillon et épée de Damoclès pour le mécénat : le 17 décembre 2020, lors d’une conférence de presse en ligne, Admical, association qui réunit les entreprises mécènes,  présentait son baromètre sur le mécénat en France, qui dresse un panorama global de celui-ci en 2018 et précise les premiers effets de la crise actuelle. Cette dernière engendre chez les mécènes une perception accrue de la nécessité de leur engagement, contrariée par la pression croissante de leurs contraintes financières. Globalement, ces entreprises confirment leur engagement : pour 2021, les trois quarts d’entre elles prévoient de stabiliser le budget qu’elles consacrent au mécénat. Mais près de neuf sur 10 alertent sur le fait que leurs actions pourraient être impactées par la crise. D’ores et déjà, 14% des entreprises mécènes estiment qu’elles seront dans l’obligation de réduire leur budget, et 2%, de le supprimer complètement. « Nous restons très vigilants car, malgré ces déclarations encourageantes, il est à craindre un ralentissement des engagements des grandes entreprises qui subissent de plein fouet le double impact de la réforme [de la loi Aillagon sur le mécénat] et de la crise », prévient Sylvaine Parriaux, déléguée générale d’Admical. 

Au delà des impacts quantitatifs, la crise fait aussi évoluer les mécènes dans les modalités de leurs actions. Au global, 60% des entreprises mécènes interrogées par l’Ifop prévoient que leur politique de mécénat sera impactée par la crise sanitaire liée au Covid-19.  Certaines causes, comme le sport, pourraient se voir délaissées : pour l’avenir, plus de huit entreprises mécènes sur 10 estiment qu’il est important de privilégier le domaine du social. En 2019, ce dernier ne figure qu’en quatrième place du palmarès des causes soutenues par le plus grand nombre de mécènes, choisi par 22% d’entre eux, d’après le baromètre Admical. Aux premiers rangs figurent le sport ( 56%), la culture et la préservation du patrimoine ( 26%), la santé (25%). Seules 13% des entreprises mécènes s’engagent en faveur de l’environnement et de la biodiversité. 

Les PME mécènes très actives sur leur territoire

La crise intervient dans un contexte de développement du mécénat, qui convainc de plus en plus de PME, lesquelles développent des formes de mécénat qui leur sont propres. Depuis 2010, le nombre d’entreprises mécènes ne cesse d’augmenter en France.  Au total, en 2018,   96 000 entreprises ont déclaré leurs dons auprès de l’administration, une démarche qui permet la défiscalisation prévue par la loi Aillagon. Chiffre officiel : 2 milliards d’euros. Mais Admical estime le montant total du mécénat entre 3 et 3,6 milliards d’euros, toutes les entreprises ne réalisant pas de déclaration. Les TPE et PME contribuent à hauteur de 23% du budget, et représentent 96 % des entreprises mécènes. En particulier, ces dernières années, les TPE ont été de plus en plus nombreuses à se convertir à la démarche. En  2010, elles ne représentaient que 55% des entreprises mécènes, contre 64% en 2018. 

Par ailleurs, les petites entreprises pratiquent un mécénat qui leur est spécifique :  plus sensibles aux aléas économiques que les grandes entreprises, elles sont susceptibles de supprimer brusquement leur budget dédié et fonctionnent davantage sur des « projets coup de cœur » que dans le cadre d’une politique d’engagement formalisé. Et elles choisissent des thèmes particuliers, par rapport aux autres types d’entreprises : ainsi, pour 62% d’entre elles, le sport est le premier domaine privilégié, contre 30% des ETI. Deuxième thème privilégié par les PME, la culture et la préservation du patrimoines ( 22%), suivi de la santé (21%), un sujet sur lequel les ETI sont deux fois plus nombreuses à s’engager… Des choix thématiques qui correspondent à une forte orientation locale du mécénat, spécifique aux PME. Huit sur dix s’engagent à ce niveau, un quart seulement au niveau national et 7%, à l’international. Un choix très différent  de celui des grandes entreprises, qui sont aussi nombreuses à s’engager au niveau local et national ( 77%), mais beaucoup plus fortement à l’international (44%). Autre spécificité du mécénat des PME, celui-ci demeure essentiellement financier (93%). Seules 18% d’entre elles investissent le mécénat de compétences, contre plus de la moitié des grandes entreprises. Et, officiellement, moins d’un tiers des PME pratique le mécénat en nature. 

                                                        Anne DAUBREE